Les bonnes positions pour tenir le stylo : il n’y a pas qu’une seule façon !

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Tenir son crayon, tout un apprentissage !

Votre enfant tient son crayon d’une drôle de manière ? Il serre fort, place ses doigts un peu “n’importe comment”, ou change sans cesse de position ? Pas de panique.

Apprendre à tenir un crayon est un processus long, progressif et très lié au développement moteur. Ce geste apparemment simple demande en réalité une fine coordination entre les yeux, la main, les doigts, et le tonus musculaire.

Contrairement à une idée largement répandue, il n’existe pas une seule “bonne” tenue du stylo. Plusieurs positions sont considérées comme efficaces, tant qu’elles permettent une écriture fluide, confortable et lisible. Pour mieux comprendre pourquoi, remontons aux origines du geste…

1. Les grandes étapes du développement moteur 🧠

(Les photos représentent les principales étapes du développement de la préhension)

Avant de pouvoir écrire, l’enfant doit apprendre à dissocier progressivement les segments de son membre supérieur : l’épaule, le bras, l’avant-bras, puis la main et les doigts. Cette maturation neuro-musculaire s’étale sur plusieurs années et conditionne la façon dont il tiendra son crayon.

Vers 6 à 12 mois : les préhensions globales.

Le nourrisson attrape les objets avec toute la main, sans utiliser ses doigts de manière indépendante. Puis, l’index se délie (vers 8–10 mois), et la fameuse pince entre le pouce et l’index apparaît autour d’un an. C’est le début de la motricité fine.

bébé qui attrape des voitures

Vers 18 mois à 2 ans : la manipulation d’objets.

L’enfant commence à manger seul avec une cuillère et à tenir un crayon de manière encore globale, souvent avec la main enroulée autour de l’objet : c’est la prise palmaire. Les mouvements viennent surtout de l’épaule et du bras.

bébé qui tient son crayon avec 2 mamans

Vers 3 à 4 ans : la main s’affine.

Les doigts se dissocient peu à peu, permettant un contrôle plus précis du geste. L’enfant peut tracer des traits ou des cercles, mais la tenue reste rigide : on parle alors de prise tripode statique (le crayon est tenu par trois doigts, mais les mouvements viennent encore du poignet et non des doigts).

jeune enfant qui ecrit avec un crayon en prise tripode statique

Vers 5 à 6 ans : la coordination fine s’installe.

L’enfant entre dans ce qu’on appelle la prise tripode dynamique : le crayon repose sur le majeur et est tenu entre le pouce et l’index, les trois doigts bougeant de manière coordonnée pour former les lettres.
C’est à cet âge que la plupart des enfants sont prêts pour un apprentissage formel de l’écriture.

enfant de cp qui tient son crayon

2. Les prises correctes du stylo : il y en a plusieurs ! ✍️

On parle de prises matures. La littérature scientifique en répertorie 4 pour lesquelles aucun différence de fréquence de production, de lisibilité ou d’effort perçu n’a été relevé.

Zoomez sur les mains des illustrations. Elles représentent les positions correctes des doigts.

La prise tripode dynamique ☑️

La plus connue : le crayon repose sur le majeur, tenu par le pouce et l’index.

Les doigts bougent de manière coordonnée → écriture fluide et précise.

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enfant qui regarde son père écrire

La prise tripode latérale ☑️

Variante “sur le côté” : le crayon est légèrement appuyé contre le côté du majeur.

Tout aussi efficace si le mouvement reste souple.

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jeune fille qui apprend à ecrire des lettres avec une position correcte du stylo

La prise quadripode dynamique ☑️

Même principe que la tripode, mais avec le quatrième doigt (annulaire) posé sur le crayon.

Très courante chez les enfants : pas un “mauvais signe”.

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enfant qui recopie

La prise quadripode latérale ☑️

Combinaison des deux précédentes : tenue latérale + annulaire en appui.

Les recherches montrent qu’elle n’altère ni la lisibilité ni la vitesse (Schwellnus et al., 2012).

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main qui écrit en position quadripode latérale

💡 À retenir : toutes ces prises sont matures, du moment que la tenue est dynamique (les doigts bougent, pas la main entière), le geste reste confortable, et la pointe du crayon est visible (aucun doigt ne la cache).

3. Ce qui compte vraiment dans la tenue du crayon 🔍

Ce qui va être important c’est le rendu final. Est-il lisible ? Prend-il du temps ou pas ?

  • La visibilité du trait : la main ne doit pas cacher ce que l’enfant écrit.

  • Le confort et la fluidité : un geste souple évite les tensions et la fatigue musculaire.

  • L’efficacité visuo-motrice : la coordination œil-main permet un meilleur contrôle du mouvement.

  • Le développement progressif : il n’est pas “trop tard” à 7–8 ans ; la motricité fine continue d’évoluer jusqu’à l’adolescence.

4. Idées reçues à corriger 🧩

  • ❌ “Il n’y a qu’une seule bonne prise” → Faux, plusieurs postures sont efficaces.

  • ❌ “Mon enfant doit changer sa tenue” → Pas forcément, si l’écriture est lisible et sans douleur.

  • ❌ “Un crayon mal tenu provoque des troubles” → Non, les troubles d’écriture relèvent d’autres facteurs (planification motrice, graphomotricité, attention, etc.).

Conclusion : Une bonne tenue du stylo, c’est celle qui fonctionne pour votre enfant 💬

Apprendre à bien tenir un crayon ne se fait pas du jour au lendemain. C’est le fruit d’un long développement moteur, où la main, les doigts et le regard apprennent à coopérer. Chaque enfant avance à son rythme : certains trouvent rapidement une posture stable et souple, d’autres ont besoin de plus de temps ou de pratique pour affiner leur geste.

Il n’existe donc pas de tenue “parfaite”, universelle ou obligatoire. Ce qui compte vraiment, c’est que la tenue soit fonctionnelle — c’est-à-dire qu’elle permette à l’enfant d’écrire avec fluidité, sans douleur ni crispation — et qu’elle soit confortable, pour que le plaisir d’écrire prenne le pas sur l’effort.

Plutôt que de corriger sans cesse la position des doigts, il est souvent plus bénéfique d’observer comment l’enfant s’y prend, et de l’encourager quand il progresse. Une tenue légèrement différente de celle “idéale” n’est pas un problème si elle reste efficace.

Enfin, pour accompagner ce développement naturel, rien ne vaut les jeux qui sollicitent la motricité fine : enfiler des perles, découper, modeler, utiliser des pinces, visser ou dessiner librement. Ces activités renforcent les muscles des doigts et affinent la coordination œil-main — les véritables alliés d’une écriture fluide et maîtrisée.

👉 En résumé : la bonne tenue du crayon, c’est celle qui permet à votre enfant d’écrire bien, avec plaisir et sans douleur.

Et votre enfant ? 💫 💕 Dites-nous en commentaire comment il tient son stylo ! ✍️ 

  • Référence bibliographiques

    Ferland, F. (2005). Le développement de l’enfant au quotidien. Du berceau à l’école primaire. Montréal: Editions de l’Hôpital Sainte-Justine.

    Rosenbloom, L., & Horton, M. E. (1971). The maturation of fine prehension in young children. Developmental Medicine & Child Neurology, 13(1), 3-8.

    Wynn-Parry, C. B. (1966). Rehabilitation of the hand (2nd ed.). London : Butterworth.

    Schneck, C. M., & Henderson, A. (1990). Descriptive analysis of the developmental position for pencil and crayon control in nondynysfunctional children. American Journal of Occupational Therapy, 44(c), 893-900.

    Tseng, M. H. (1998). Development of pencil grip position in preschool children. Occupational Therapy Journal of Research, 18, 207-224.

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    Ziviani, J., & Elkins, J. (1986). Effects of pencil grip on handwriting speed and legibility. Education Review, 38, 247-257.

    Photos de Stephen Andrews, Lukas, Kampus production, Karola G, Anna Shvets, KATRIN BOLOVTSOVA, Mary Taylor, Mikhail Nilov, Sunvani Hoàng, August de Richelieu.